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28 mars 2014 5 28 /03 /mars /2014 03:02

8h43 : Deux gosses m'abordent alors que je marche pour attraper le bus de St-Orens.

- Vous n'auriez pas 10 centimes ?

- 10 centimes? mais qu'est-ce que vous voulez faire avec ?

- Euh...Ils nous les manquent pour acheter des bonbons...

Je donne la pièce.

 

9h22 : Je suis arrivé à l'arrêt de bus. J'attends. 9h30 passent. Pas de bus! Je vitupère contre les traminots.Le bus de 9h50 arrive. Je monte. Je serai en retard mais heureusement, à mon nouveau lieu de travail, personne ne m'attend, personne ne fait attention à moi. Il y en a bien qui me regardent d'un oeil interrogateur mais aucun n'a fait le pas. Ce petit manège me fait sourire. Les salles de profs se ressemblent terriblement : la plupart parlent des élèves même hier, lendemain d'élections qui a vu le triomphe du FN... Il y en a un qui parle très fort; d'autres qui travaillent dans leur coin...

J'interpelle le conducteur :

- Il n'y avait pas de chauffeur pour le 9h30 ?

Il ne comprend pas. Il réfléchit longuement.

- Mais il n'y a pas de bus à 9h30 ! Il est à 20 !

Autant pour moi ! Je suis distrait. J'ai de quoi l'être en ce moment. Arrivé au Lycée, je m'installe dans mon coin, comme à l'accoutumée. J'ouvre un fichier. Je commence à rédiger une lettre à M. Je lui parle d'avenir et lui dis que le mercredi 23 avril, je partirai loin...

 

13h22 : Plutôt que de rentrer seul chez moi, je préfère aller dans un petit resto asiatique de mon ancien quartier des Minimes.

 

15h34 : Une universitaire de Paris vient faire une conférence à l'Université du 3è âge sur : comment vivre avec l'idée de la mort ? C'est Jeanne qui m'y a invité. J'entre dans l'amphi. Je me crois aussitôt au Bal des Têtes blanches ( relire cet épisode savoureux à la fin de "La recherche du temps perdu"...)

J'interviens à la fin, pour 1) signaler à la conférencière qui a cité à de nombreuses reprises Heidegger que ce philosophe n'a jamais regretté son inscription jusqu'en 1945 au Parti nazi, 2) pour lui reprocher de ne pas avoir cité le "carpe diem" ("Laissez-nous savourer les rapides délices / Des plus beaux de nos jours...")

Une fois de plus la philosophie nous donne une image un peu fumeuse avec des considérations apolitiques, vagues donc peu intéressantes.

Michel Onfray, au secours !

Je pars avec l'air de Brel dans la tête : "Mourir cela n'est rien / Mourir la belle affaire / Mais vieillir...ô vieillir !"

Je regarde à la dérobée Jeanne. A 81 ans elle est encore d'une beauté renversante...

 

18h54 : En rentrant chez moi, près du Lycée Raymond-Naves, je croise R., le prof qui m'a remplacé.

Je suis heureux de le voir.

Il m'avoue qu'il est un peu effondré tant une des deux Secondes qu'on lui a donc attribuée, est ingérable. Deux élèves se sont sévèrement battus la semaine dernière...Il est effaré devant la gestion des classes par l'Administration.

Je m'excuse, du coup, de lui avoir reproché, le jour de la rentrée, d'avoir repris mes classes sans se poser de questions. Il me répond qu'après avoir lu mon blog il comprend mieux à présent.

Deux cents personnes l'ont lu en une semaine. Cela m'excite moins. M. attire toute mon attention.

 

4h09 : (mais nous sommes passés au vendredi 28 ! Bon anniversaire, G. !) Ne pouvant dormir, je rédige cet article. La connexion n'arrête pas de sauter ! J'y arrive cependant. 

"Mort, où est ta victoire?"...

 

 

 

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